Trois femmes.
Trois espaces.
S’agit-il de trois femmes aux trois personnalités, aux trois gestuelles bien distinctes ? ou trois facettes d’une seule et même femme ?
S’agit-il de cases dans lesquelles on les a mises ?
De bulles qu’elles se sont constituées comme un cocon ? comme une protection ?
De trois appartements ? de trois intérieurs ? quels intérieurs ?
On observe ces trois femmes comme Alfred Hitchcock faisait observer par James Stewart ses voisins…
Trois femmes se retrouvent autour d’une table pour jouer aux dames…un jeu de société, un jeu qui rassemble, un jeu qui divise, avec des règles à respecter, et, forcément, une gagnante, une perdante.
Dans un rythme soutenu continu, elles traversent différents sentiments. Elles se montrent telles qu’elles sont dans leur quotidien : plurielles.
Entre gravité, vérité et autodérision, elles offrent, par une danse pleine de vie et de sincérité, un panel d’émotions.
Cette première pièce de la Compagnie Perrine Gabrielsen porte un regard factuel sur la femme, dans un format proche d’un plan séquence. Au plus près du quotidien de ces trois femmes, on s’interroge sur leurs personnalités, sur leurs histoires, sur leurs liens. Filles, sœurs, mères, amies, on questionne la place de la femme, dans une éventuelle sororité. Fenêtre sur femmes est un constat, un état des lieux, une danse réelle, concrète, comme un documentaire…
Création 2019
Chorégraphie: Perrine Gabrielsen
Interprétation: Clémentine Bart, Alice Ceriani, Maud Vallée
Lumières: Manuel Hurtado
Son: Christophe Dupuis
Durée: 50 minutes
Note d’intention
Mon père est mort, Fenêtre sur femmes est née.
Je pourrais résumer la genèse de cette pièce ainsi.
C’était un accident.
Mon père s’est noyé.
Entre le jour de sa noyade et le jour de son décès, il a été sept jours dans le coma. Sept jours où sa femme et ses trois filles, nous nous sommes réunies autour de lui. Sans nos enfants, sans nos maris, loin de nos domiciles respectifs, nous étions toutes les quatre là, disponibles, pour lui et pour chacune d’entre nous. Ce fut, dans des circonstances tragiques, une parenthèse heureuse.
De nous voir ainsi unies, réunies, comme les manchots affrontent le blizzard lacérant grâce à la chaleur de la meute, m’a fait beaucoup réfléchir sur les femmes, sur la femme, sur moi, sur mon rôle de fille, de sœur, d’amie, d’épouse, de mère.
Fenêtre sur femmes est née ainsi.
Pensée comme un documentaire, je souhaite montrer au plus juste, au plus vrai, le quotidien de trois femmes, ou d’une seule femme.
Est-ce qu’il s’agit de trois sœurs, de trois cousines, de trois amies ?
Est-ce qu’il s’agit d’une seule femme nous dévoilant trois de ses facettes ?
Peu importe.
Elles se réunissent autour d’une table, ronde, centrale, où trône un jeu de dames. Un JEU DE DAMES ! quelle appellation folle ! Au-delà du nom de ce jeu qui m’a toujours perturbée, c’est également le jeu de société qui m’intéresse. Ce jeu qui unit ou réunit des amis ou une famille mais, qui, comme tous jeux, est avant tout un duel, un combat, où il y aura un perdant et un gagnant. Un « jeu de société » serait alors un « combat de société » ? un combat de société où il y a toujours une règle du jeu, un règlement à suivre…
Quelles sont les règles à suivre pour une femme ?
La femme DOIT être plurielle. C’est ce que je souhaite montrer dans Fenêtre sur femmes.
Fenêtre sur femmes est une pièce sur les femmes, créée par une femme et dansée par des femmes, certes, mais ce n’est en aucun cas une pièce contre les hommes. Il n’y a aucune comparaison, aucun jugement, aucune revendication dans cette pièce. Je ne fais pas de reproche. Il n’y a pas de colère, ni d’hystérie. Je souhaite simplement, aujourd’hui, m’intéresser à la femme que je suis et à celles qui m’entourent.
Je souhaite parler de nos faiblesses, de nos fragilités, de notre courage, de notre ténacité, de notre humour voire de notre folie, de notre violence, de notre tendresse, de nos nombreux paradoxes, comme j’aurais pu en faire exactement de même pour les hommes.
Perrine Gabrielsen